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CANNABIS ET LTP

Info du mois 04.25 P. Foucart

L’usage du cannabis est en progression, de même que la survenue d’allergies alimentaires aux LTP. Corrélation n’implique pas causalité, soit.
Les LTP et les allergies aux aliments d’origine végétale
Ces allergies sont essentiellement imputables à 4 types de protéines.
Par ordre de gravité : les profilines, pannallergènes responsables de très peu d’expression clinique, et les PR10, les plus fréquentes, se traduisant par un syndrôme oral limité ; ces 2 allergènes sont détruits par la cuisson.
Plus rares, résistant à la chaleur, les LTP, et les protéines de structure qui sont responsables de réactions sévères telles que asthme, angioedème, anaphylaxie.
Les protéines de transfert de lipides (LTP) présentent une grande homologie de structure dans le monde végétal, c’est à dire grande stabilité au cours de l’évolution, ceci indiquant un rôle vital : ces petites protéines aux propriétés anti-bactériennes et anti-fongiques permettent aux graines de survivre à leur période de latence y compris en milieu humide.
La sensibilisation IgE aux LTP est plutôt caractéristique de l’Europe du sud, chez des patients présentant des réactions sévères aux pêches et autres fruits des rosacées, mais aussi à la noisette, cacahuète, et bien d’autres graines, dont le blé … Son origine suspectée jusqu’à présent était le pollen d’armoise, et de platane , ainsi que la grande concentration en LTP du duvet de pêche.
Allergie au cannabis
L’inhalation de la fumée de la résine de cannabis au plus profond des alvéoles pulmonaires est de nature à mettre en contact des allergènes potentiels avec des lymphocytes. Les consommateurs peuvent aussi être exposés par ingestion, ou contact cutané (en préparant leur cigarette).
Les données sur les cas de sensibilisation au cannabis sont encore limitées, vu que récentes, mais présentées comme en augmentation sur les dix dernières années ; les réactions vont des manifestations cutanées diverses, aux voies respiratoires, digestives, jusqu’à l’anaphylaxie (20 % des cas).
Les allergènes répertoriés de cannabis sativa sont (OMS) : Can s2 une profiline, Can s3 une LTP, Can s4 oxygen enhancer protein 2 (OEEP2), Can s5 une PR10 (OMS). L’allergène majeur (95 % des sensibilisations) est Can s3, le plus étudié ; comme toute LTP, il est susceptible de réactions croisées avec toutes les LTP des végétaux, et présente un risque de réactions systémiques renforcé par l’exercice physique, l’alcool, les AINS.
Les réactions croisées sont (ordre d’homologie de structure décroissante 85 % à 48%) :
Pru p3 (pêche), Mal d3 (pomme), Vit v1 (raisin), Sol l3 (tomate), Nic t1 (tabac), Cor a8 (noisette), Cit s3 (agrumes), Mus a3 (banane), Hev b12 (latex), Ara h9 (arachide), Tri a14 (blé), Act d10 (kiwi).
Les allergènes moléculaires du cannabis sont actuellement utilisés en recherche, mais ne sont pas encore commercialisés pour le diagnostic de routine ; en attendant, au besoin, Pru p3 fait figure de solution alternative valable en attendant la disponibilité de Can s3.
En pratique
Un jeune (fumeur de cannabis) fait un malaise en faisant son footing après avoir mangé une pizza (pas beaucoup de légumes, mais du blé ) : une réaction générale sur aliment cuit oriente en premier lieu vers les LTP (l’implication de protéines de structure est plus rare) → tester Tri a14 (LTP de blé) en première intention
Les tests moléculaires sont remboursés par l’INAMI comme les autres allergènes (6 maxi).
Voir aussi « intolérance au blé, anaphylaxie à la suite d’un effort >omega-5-gliadine » : sur le site : labobauduin.be > médecine humaine > supports scientifiques Info exhaustive sur : AllerData, le site de l’allergie moléculaire.