DROGUES ET GROSSESSE
Le laboratoire a un rôle sans cesse croissant dans la médicalisation de la grossesse : sérologie toxo, CMV et autres virus, cyto-bactério des urines, recherche de strepto B, surveillance renforcée du diabète gestationnel … Ceci vise sans doute à sécuriser toujours davantage la vie de la mère et du fœtus, mais aboutit parfois à une grossesse stressée peu souhaitable ; typiquement, la réactivation des IgM anti-CMV inquiète inutilement, et les rares cas de primo-infection gâchent la suite de la grossesse pour un risque relativement faible (qq%). Or curieusement une menace bien réelle semble complètement ignorée : la consommation de drogue n’est quasiment jamais testée.
La sensibilisation aux risques inhérents au tabac et à l’alcool a bien progressé ; néanmoins, pas une seule fois au cours d’une grossesse ne seront testés ni cotinine ni phosphatidyl-éthanol (1). Pas plus que ne le seront les drogues illicites (2), qui, toutes traversent le placenta !
Exposition prénatale à quelques drogues
Estimation de la fréquence d’exposition aux drogues (Europe -sources Institut VIAS) :
Prévalence auto-rapportée (27000 participants): conduite avec un ou plusieurs psychotropes 11 %
Contrôles routiers (50000) : (+) : alcool 3,48 % >cannabis 1,32 % > cocaïne 0,42 % >amphétamines 0,08 % >héroïne 0,07 %
On peut supposer que la consommation de ces drogues par des femmes enceintes est du même ordre de grandeur, ce qui donne une idée du nombre de grossesses menacées.
Le cannabis
Une consommation régulière est liée à des évolutions défavorables de la grossesse : enfants petits, travail prématuré, problèmes de développement et de comportement du nourrisson ; il n’y a pas consensus quant aux risques de malformation.
Cocaïne et dérivés
La cocaïne provoque vasoconstriction et HTA chez le fœtus ; un décollement placentaire peut provoquer des lésions neurologiques ou la mort foetale.
Un infarctus cérébral peut survenir, le risque de malformations est controversé : microcéphalie, anomalies cardiovasculaires et de l’appareil urinaire et génital. Un petit poids à la naissance est fréquent (50%), il y a risque d’hémorragie intracrânienne. Un ensemble d’effets neuro-comportementaux est décrit, dont un QI faible et altération des capacités motrices …
Opiacés
Avortements au premier trimestre, accouchements prématurés ; retards de croissance et hypotrophie fréquents. A la naissance, syndrome de sevrage dans tous les cas ; augmentation du risque de mort subite.
Méthadone
Les risques sont assez semblables que ceux décrits avec l’héroïne, quoique moins sévères ; par contre le risque de sevrage est plus prolongé, plus sévère, et parfois d’apparition retardée jusqu’à quinze jours.
Amphétamines et dérivés
Mêmes risques que la cocaïne, mais fréquence et intensité moindres ; vu que l’on suspecte des altérations irréversibles du SNC par la MDMA, celle-ci est à proscrire totalement.
(1)Rendez vous sur labobauduin.be : biologie humaine>supports scientifiques >cliquer sur PETH (2)idem, cliquer sur DROGUES